Nihiletrien

Laissez moi choir, épuisée, sur la grève de verre poli. Laissez moi m'endormir, épuisée, avec le soleil dans les yeux. Laissez moi inconsciente, reposée, alors que la marée remonte. Laissez moi paisible, reposée, pendant que la mer me submerge. Laissez-moi. Laissez-moi, je vous en prie. Laissez moi cadavérique, repue, couler au fond de l'océan.

Comment le dire? parce que, honnêtement, je me demande si je sais encore ce dont je suis composée. Comment l'avouer si c'est, du moins, vraiment la vérité? Elle peut très bien s'être perdue parmi les excuses et les mensonges, dont j'ai tenté de couvrir le monde. C'est un doute qui réside constemment dans mon esprit; à savoir si je dis bien la vérité. Et, au final, c'est l'angoisse de toujours douter du fondement même de mes mots qui fait que je crains d'avouer. Avouer quoi? Pourquoi? À qui? Que j'ai peur, que j'ai mal? Que je suis triste? Au fond, j'ignore quelle charogne j'ai

Elle frissonne, et j'imagine sur son corps milles vallées et montagnes de sable qui s'élèvent pour saluer mes mains. Pourtant, mes lèvres dans son cou ne semblent que provoquer l'inconfort et je me demande si elle m'aime, alors que j'en aime une autre.

J'ai une main incrustée dans mon cou qui contrôle mon poul, une autre sur ma nuque qui pèse lourd et me décale les os. J'ai les yeux qui piquent, la fumée qui m'emplie par les orbites. Peut-être aussi un océan dans la bouche, je sais plus, j'ai arrêté de penser à la lame qui m'a charcutée. Je ressemble à une petite vieille.

Aujourd'hui, personne ne joue à la mort.                  La guerre s'est mise a exister, jusque dans nos lits et entre nos os. Nous avons pleuré des larmes synthétiques jusqu'à ce que le plastique fonde et nous brûle              les joues. J'en reste aveuglée, pour toujours à m'endormir.

J'ai perdu le temps, que j'avais caché,            avec lequel je comptais vivre. Et je me suis retrouvée à marquer mes os,     et les jeter au vent, pour retrouver mon chemin. Les runes n'auront servi à rien, je suis morte en chemin.